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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

— On vous a refusé l’argent, dit-elle, quand il eut fini ; et vous avez accepté ce refus ! Ah bien !

— Ils ont donné leurs raisons, répondit Othon, rougissant, raisons que je ne pouvais réfuter. J’en suis donc réduit à dilapider les fonds de mon pays par un vol. Ce n’est pas très beau, mais c’est amusant.

— Amusant, dit-elle, oui. Et elle demeura silencieuse assez longtemps, plongée dans ses pensées. — Combien vous faut-il ? demanda-t-elle enfin.

— Trois mille écus suffiront, répondit-il, car il me reste encore quelque argent à moi.

— C’est parfait, dit-elle, reprenant sa légèreté. Je suis votre complice fidèle. Où allons-nous nous retrouver ?

— Vous connaissez le Mercure volant, dans le parc, répondit-il. Là où trois sentiers se croisent on a placé un banc et élevé la statue. L’endroit est commode… et le lieu sympathique.

— Enfant, va ! dit-elle, et elle lui donna une tape de son éventail. Mais savez-vous, mon prince, que vous êtes un égoïste : votre endroit commode est à cent lieues de chez moi. Il faut me donner du temps. Jamais je ne pourrai être là avant deux heures. Mais au coup de deux heures à l’horloge, votre auxiliaire arrivera,… et bienvenue, j’espère ? Mais… un instant. Amenez-vous quelqu’un ? Oh ! ce n’est pas que je désire un chaperon, croyez-moi ! Je ne suis pas prude !

— J’amènerai un des mes palefreniers : je l’ai surpris à voler l’avoine.

— Son nom ? demanda-t-elle.