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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

d’inusité dans tout cela. En attendant, la guerre marche. Notre prince en aura vite assez de sa solitude, et vers le moment de notre triomphe (ou, s’il se montrait très obstiné, un peu plus tard) on le relâchera, sous bonne caution, bien entendu… Et je le vois déjà dirigeant de nouveau les apprêts de ses comédies !

Séraphine demeura sombre :

— Oui, dit-elle tout à coup, mais la dépêche ?… En ce moment même il est en train de l’écrire.

— Oh ! la dépêche ne saurait passer le Conseil avant vendredi, répliqua Gondremark ; et quant à un message privé, tous les courriers sont à mes ordres, Madame. Ce sont des gens choisis… je suis homme de précaution !

— Cela se voit, fit-elle, avec un éclair de son aversion intermittente pour lui. Puis, après une pause, elle ajouta : Monsieur de Gondremark, cette extrémité me répugne.

— Je partage toute la répugnance de Votre Altesse, répondit-il. Mais, que voulez-vous ? Nous restons sans défense, faute de cela.

— Je le vois, mais ceci est bien soudain. C’est un crime public, dit-elle, secouant la tête en le regardant avec une sorte d’horreur.

— Regardez un peu plus loin : à qui le crime ?

— À lui ! s’écria-t-elle. À lui, j’en atteste Dieu, et je l’en tiens responsable ! Mais encore…

— Ce n’est pas comme s’il devait en souffrir, émit Gondremark.

— Je sais cela, répliqua-t-elle, mais toujours sans conviction.

En ce moment, comme les braves ont droit, par