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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

moyen, il faut qu’il y ait un moyen. — Et il attendit son occasion.

— Non, dit-elle, dès le commencement je vous ai dit qu’il n’y a pas de remède. Notre espoir est perdu, perdu par l’entremise d’un misérable désœuvré, ignorant, affairé, décousu… qui demain aura disparu, sans doute, pour retourner à ses plaisirs de rustre !

Le moindre clou suffisait pour Gondremark. — C’est bien cela ! s’écria-t-il en se frappant le front. Fou que je suis de n’y avoir pas songé ! Madame, sans le savoir peut-être, vous venez de résoudre notre problème.

— Que voulez-vous dire ? parlez ! dit-elle.

Il parut se recueillir ; puis, souriant : — Il faut, dit-il, que le prince parte encore une fois pour la chasse.

— Ah ! si seulement il voulait y partir… et y rester ! s’écria-t-elle.

— Oui… et y rester, répéta le baron. Cela fut dit avec tant de signification, que la figure de la princesse s’altéra. L’intrigant, redoutant l’ambiguïté sinistre de son expression, se hâta d’expliquer : — Cette fois, il partira pour la chasse en voiture, avec une bonne escorte de nos lanciers étrangers. Sa destination sera le Felsenburg. C’est un endroit salubre, le rocher est élevé, les fenêtres sont étroites et barrées : il aurait pu avoir été bâti exprès. Nous confierons le commandement à l’Écossais Gordon ; lui, du moins n’aura pas de scrupules. Qui s’apercevra de l’absence du souverain ? Il est parti pour la chasse. Après être revenu le mardi, il est reparti le jeudi ; rien