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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

trop sage pour défendre l’indéfendable, la prétention sur Obermünsterol n’est qu’un prétexte.

— C’est bien, dit le prince, monsieur le Chancelier, prenez votre plume. Le Conseil,… reprit-il en dictant ; puis, en parenthèse, et s’adressant plus directement à sa femme : — Je ne fais aucune allusion à mon intervention, dit-il ; je ne dis rien de l’étrange procédé au moyen duquel cette affaire a été conduite sans ma connaissance, en contrebande pour ainsi dire : il me suffit d’être arrivé à temps. Le Conseil, recommença-t-il, le Conseil, ayant de nouveau envisagé les faits, et éclairé par la communication contenue dans la dernière dépêche de Gérolstein, a le plaisir d’annoncer qu’il se trouve parfaitement d’accord, tant sur la question de fait que sur celle de sentiment, avec la cour grand-ducale de Gérolstein… y êtes-vous ? C’est donc sur ces données, Monsieur, que vous allez rédiger la dépêche.

— Si Votre Altesse veut bien me permettre, dit le baron ; Votre Altesse ne connaît que si imparfaitement l’histoire intérieure de cette correspondance, que toute intervention de sa part ne saurait être que nuisible. Une dépêche telle que celle que Votre Altesse se propose de faire écrire, enrayerait entièrement la politique de Grunewald.

— La politique de Grunewald ? s’écria le prince. Il serait vraiment à supposer que vous n’avez aucun sens du ridicule !… Que voulez-vous pêcher dans cette tasse à café ?

— Avec respect, Votre Altesse, répliqua le baron, je ferai observer que même une tasse à café peut contenir du poison… L’objectif de cette