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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

— Oh ! Séraphine… Séraphine ! s’écria-t-il.,

Et ainsi finit l’entrevue.

Elle s’avança en sautillant vers la fenêtre, et s’appliqua à regarder dehors. Quelques instants plus tard le chambellan annonça le baron de Gondremark, lequel, étonné de cet appel inusité, fit son entrée avec des yeux un peu ahuris, et un teint altéré.

La princesse se retourna de sa fenêtre avec un sourire de perles ; et rien sur son visage, à l’exception peut-être d’une couleur un peu plus vive, ne trahit son trouble. Othon était pâle, mais parfaitement maître de lui-même.

— Monsieur de Gondremark, dit-il, faites-moi une obligeance : reconduisez la princesse à son appartement.

Le baron, toujours sans comprendre, offrit sa main, qui fut acceptée d’un air souriant, et ils s’en allèrent tous deux par la galerie de tableaux.

Dès qu’ils furent partis et qu’Othon put comprendre l’étendue de sa défaite, mesurer jusqu’à quel point il avait fait le contraire de ce qu’il voulait faire, il demeura stupéfié. Un fiasco si parfait, si absolu, était simplement risible, même à ses propres yeux ; et il se mit à rire tout haut, au plus fort de sa colère même. À cette humeur succéda un accès du remords le plus aigu. Puis, de nouveau, quand il reconsidéra la provocation qu’il avait soufferte, la colère revint à la charge. Secoué de la sorte, un moment il déplorait son manque de suite et de sang-froid, et le moment d’après il s’enflammait de brûlante indignation et de noble pitié pour lui-même. Comme le tigre