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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

vrai que vous n’ayez aucune ambition ? Il y avait une fois, en Angleterre, un homme qu’on nommait le Faiseur de rois. Savez-vous, ajouta-t-elle, j’imagine que je saurais faire un prince.

— Peut-être viendrai-je un de ces jours, Madame, dit Othon, vous demander d’aider à faire un fermier.

— Est-ce une énigme ? demanda-t-elle.

— Oui, Madame. C’en est même une assez bonne.

— Je vous rends la pareille, et vous en pose une autre : Où est Gondremark ?

— Le premier ministre ? Au premier ministère, sans doute, dit Othon.

— Précisément, dit la comtesse. Et, de l’éventail, elle indiqua l’appartement de la princesse. Vous et moi, mon prince, nous sommes dans l’antichambre. Vous me croyez méchante, ajouta-t-elle ; éprouvez-moi et vous verrez. Donnez-moi une tâche, faites-moi une question ; il n’est aucune énormité que je ne sois capable de commettre pour vous obliger, ni aucun secret que je ne sois prête à vous révéler.

— Madame, répondit-il en lui baisant la main, en vous je respecte trop l’amie. Je préférerais rester dans l’ignorance de tout cela. Fraternisons, comme les soldats ennemis aux avant-postes, mais soyons chacun fidèle à notre camp.

— Ah ! s’écria-t-elle, si tous les hommes étaient généreux comme vous, cela vaudrait la peine d’être femme !

À en juger, cependant, par son visage, la générosité du prince l’avait plutôt désappointée. Elle