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se sont aperçus : il découvrit que demander sa note et payer cette même note étaient deux choses différentes. Les détails de la note étaient d’ailleurs extrêmement modérés, et l’ensemble ne s’élevait qu’à cinq ou six shillings. Mais le vieillard eut beau scruter avec le plus grand soin le contenu de ses poches : le total de sa fortune présente, en espèces du moins, ne dépassait pas un shilling et neuf pence. Il pria qu’on lui fît venir M. Watts.

— Voici, dit-il à l’aubergiste, un chèque de huit cents livres, payable à Londres ! Je crains de ne pas pouvoir en toucher le montant avant un jour ou deux, à moins que vous ne puissiez me l’escompter vous-même !

M. Watts prit le chèque, le tourna et le retourna, le palpa entre ses doigts :

— Vous dites que vous aurez à attendre un jour ou deux ? fit-il enfin. Vous n’avez pas d’autre argent ?

— Un peu de monnaie ! répondit Joseph. À peine quelques shillings !

— En ce cas, vous pourrez m’envoyer le montant de ma note. Je m’en remets à vous !

— Pour vous parler franchement, poursuivit le vieillard, je suis assez tenté de prolonger mon séjour ici. J’ai besoin d’argent pour continuer mon voyage.