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peut pas même entendre le bruit mené autour de sa bonne aubaine ; et, suivant toute vraisemblance, il a lui-même trop peu de temps à vivre pour pouvoir en jouir. Le lecteur comprend maintenant ce que le système a de poétique, pour ne pas dire de comique : mais il y a en même temps, dans ce système, quelque chose de hasardeux, une apparence de sport, qui, jadis, l’a rendu cher à nos grands-parents.

Lorsque Joseph Finsbury et son frère Masterman n’étaient que deux petits garçons en culottes courtes, leur père, — un marchand aisé de Cheapside, — les avait fait souscrire à une petite tontine de trente-sept parts. Chaque part était de mille livres sterling. Joseph Finsbury se rappelle, aujourd’hui encore, la visite au notaire : tous les membres de la tontine, — des gamins comme lui, rassemblés dans une étude, et venant, chacun à son tour, s’asseoir dans un grand fauteuil pour signer leurs noms, avec l’assistance d’un bon vieux monsieur à lunettes chaussé de bottes à la Wellington. Il se rappelle comment, après la séance, il a joué avec les autres enfants dans une prairie qui se trouvait derrière la maison du notaire, et la magnifique bataille qu’il a engagée contre un de ses co-tonineurs, qui s’était permis de lui tirer le nez. Le fracas de la bataille est venu