Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.

étrangers débarquer d’un fiacre, et pénétrer dans la salle des billets.

— Mais, au fait, quels noms allons-nous prendre ? demanda l’ex-Ezra Thomas, tout en assurant sur son nez les lunettes en verre de vitre qui, ce jour-là, lui avaient été dévolues par une faveur exceptionnelle.

— Hé ! mon garçon, pour ce qui est de vous, nous n’avons pas le choix ! répondit son compagnon. Vous aurez à vous appeler Bent Pitman ou rien du tout ! Quant à moi, j’ai l’idée que, aujourd’hui, je vais m’appeler Appleby[1]. Un joli nom d’autrefois, Appleby : et avec un aimable parfum de vieux cidre de Devonshire. À ce propos, dites donc, si nous commencions par nous humecter un peu le sifflet ? Car l’entrevue menace d’être une rude épreuve !

— Si cela ne vous gênait pas trop, j’aimerais mieux attendre qu’elle fût achevée ! répondit Pitman. Oui, tout bien réfléchi, j’attendrai que l’entrevue soit achevée ! Je ne sais pas si vous avez la même impression que moi, monsieur Finsbury, mais la gare me paraît bien déserte, et toute remplie de bien étranges échos !

— Hé ! hé ! mon vieux, n’est-ce pas ? Vous jure-

  1. Apple, en anglais, signifie pomme. (N. du traducteur.)