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Comme si le ciel avait voulu le récompenser, il eut la surprise, en arrivant à son bureau, d’y trouver d’excellentes nouvelles. Les commandes affluaient ; les magasins se vidaient, et le prix du cuir ne cessait pas de monter. Le gérant lui-même avait l’air ravi. Quant à Maurice, — qui avait presque oublié qu’il y eût au monde quelque chose comme de bonnes nouvelles, — il aurait volontiers sangloté de bonheur, comme un enfant ; volontiers il aurait pressé sur sa poitrine le gérant de la maison, un vieux bonhomme tout sec, avec des sourcils en broussaille ; volontiers il serait allé jusqu’à donner à chacun des employés de ses bureaux une gratification (oh ! une petite somme !). Et pendant qu’assis devant sa table il ouvrait son courrier, un chœur d’oiseaux légers chantait dans son cerveau, sur un rythme charmant : « Cette vieille affaire des cuirs peut encore avoir du bon, avoir du bon, avoir du bon ! »

C’est au milieu de cette oasis morale que le trouva un certain Rogerson, un des créanciers de la maison ; mais Rogerson n’était pas un créancier inquiétant, car ses relations avec la maison Finsbury dataient de loin, et plus d’une fois déjà il avait consenti à de longs délais.

— Mon cher Finsbury, — dit-il, non sans embarras, — j’ai à vous prévenir d’une chose qui