attendis paisiblement qu’il entrât dans la salle. Il regarda autour de lui, étonné de voir la pièce vide et trois seuls couverts dressés.
– Nous sommes en petit comité, dit-il. D’où vient cela ?
– C’est le comité auquel il faudra vous habituer, répondis-je.
Il me regarda avec une soudaine rudesse.
– Que veut dire tout ceci ?
– Vous et moi, avec votre ami Mr. Dass, formons à présent toute la compagnie, répliquai-je. Mylord, Milady et les enfants sont partis en voyage.
– Ma parole ! dit-il. Est-ce possible ? Voilà donc que j’ai fait fuir vos Volsques à Corioles ! Mais ce n’est pas une raison pour laisser refroidir notre déjeuner. Mr. Mackellar, veuillez vous asseoir – (et il prit, tout en parlant, le haut bout de la table, que j’avais l’intention d’occuper) – et tandis que nous mangerons, vous nous donnerez des détails sur cette évasion.
Il était plus troublé que son langage ne l’indiquait, je le voyais bien ; et je résolus d’imiter son sang-froid.
– J’allais vous prier d’occuper le haut bout de la table, dis-je, car, si je me trouve placé dans la situation d’un hôte vis-à-vis de vous, je ne puis oublier que vous êtes, tout compte fait, un membre de la famille.
Durant quelques minutes, il joua le rôle d’amphitryon, donnant à Macconochie des ordres que celui-ci recevait de mauvaise grâce, et s’occupant principalement de Secundra Dass, puis, d’un air détaché, il me demanda :
– Et où donc est allée ma chère famille ?
– Ah ! Mr. Bally, ceci est une autre question. Je n’ai pas reçu l’ordre de communiquer leur adresse.
– Mais à moi ?
– À quiconque.
– C’est moins direct ainsi, dit le Maître ; c’est de bon ton : mon frère ira loin s’il continue. Et moi, cher Mr. Mackellar ?
– Vous aurez le vivre et le couvert, Mr. Bally. J’ai l’autorisation de vous confier les clefs de la cave, qui