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l’apparence du docteur. Son arrêt de mort se lisait visiblement sur sa figure. L’homme à la face rubiconde avait pâli, sa chair était flasque, il était certainement plus chauve et plus vieux ; mais ce ne fut cependant pas à ces détails d’une ruine physique que s’arrêtaient les réflexions de l’avocat ; il remarqua l’étrangeté du regard de son ami, et les manières qui semblaient indiquer quelque terreur profondément enracinée dans son esprit. On ne pouvait supposer que le docteur craignît la mort ; toutefois ce fut la première pensée de Utterson. « Oui, » se disait-il, « il est médecin, il doit connaître son état, ses jours sont comptés, et cette certitude est cause de ses souffrances. » Malgré cela, quand Utterson fit une remarque sur sa mauvaise mine, ce fut avec une grande fermeté que Lanyon se déclara un homme perdu :

« J’ai été frappé, » dit-il, « et jamais je n’en