ments et l’air empli d’un parfum printanier. Je m’assis sur un banc, au soleil ; l’animal en moi se pourléchait au souvenir de mes méfaits ; mon être spirituel, tout en se promettant un repentir subséquent, se laissait aller un peu à l’engourdissement, et ne se pressait pas d’entrer dans cette voie. Au beau milieu de ce contentement de moi-même, une faiblesse me saisit, j’eus une horrible nausée et un frissonnement me passa par tout le corps. Ces symptômes se calmèrent, mais me laissèrent le cœur sur les lèvres ; à son tour la faiblesse me quitta ; je remarquai un changement dans le cours de mes pensées, je me sentais une plus grande hardiesse, du mépris pour le danger, et une sorte d’affranchissement de toute espèce de frein. Je baissai les yeux, mes vêtements pendaient, sans aucune forme, sur mes membres rétrécis ; la main posée sur mon genou était noueuse et cou-
Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/193
Cette page a été validée par deux contributeurs.