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J’endurai alors d’affreuses tortures, mes os grincèrent ; j’eus des nausées terribles et un soulèvement de l’âme que rien ne pourrait dépasser, ni les sensations de la naissance, ni celles de la mort. Graduellement ces agonies me laissèrent et, en revenant à moi, je me sentis comme une personne qui relèverait d’une grande maladie. Il y avait quelque chose d’étrange dans mes sensations, quelque chose de neuf et d’indescriptible, et cependant leur nouveauté les rendait douces et agréables. Je me sentais plus jeune, plus léger et plus heureux ; il y avait du désordre dans mes idées ; un torrent d’images sensuelles se précipitait devant mon imagination ; l’indépendance pour moi n’avait plus de limites ; je ressentais une liberté d’âme inconnue, mais non innocente. Je reconnus au premier souffle de cette nouvelle vie que j’étais plus vicieux, dix fois plus vicieux, et aussi je me sentis