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que nous essayons de nous en débarrasser ils retombent sur nous plus lourdement. Ensuite, comme ma narration ne le rendra, hélas ! que trop évident, mes découvertes étaient incomplètes. C’est assez dire que non seulement j’avais reconnu que mon corps matériel n’était que le mirage ou l’ombre de certains éléments dont mon âme était constituée, mais que j’étais même arrivé à composer un breuvage qui avait le pouvoir de détrôner ces éléments, de m’arracher à leur domination, et de me donner une seconde forme, une nouvelle physionomie, lesquelles ne m’étaient pas moins naturelles, quoiqu’elles fussent l’expression et portassent la marque des éléments les plus dégradants de mon âme.

J’hésitai longtemps avant de mettre cette théorie à l’épreuve de la pratique. Je savais bien que je risquais la mort, car une drogue