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l’homme n’est pas une entité, mais deux êtres de nature distincte. Je dis deux êtres de nature distincte, parce que mon savoir ne dépasse pas ce point. D’autres me suivront, d’autres me dépasseront sur cette même voie ; et je me hasarde à prédire qu’il sera définitivement reconnu que l’homme renferme en son âme les qualités les plus diverses et les plus opposées, en un mot que ce que nous appelons un homme n’est en vérité qu’un assemblage de plusieurs êtres. Moi, pour ma part, l’influence de la vie que je m’étais faite ne me laissa infailliblement avancer que dans une direction, et dans cette direction seulement. Ce fut par ma propre personne et par mon côté moral que j’appris à reconnaître la dualité complète et primitive de l’homme ; je vis que des deux natures qui se combattaient dans le champ de ma conscience, si je pouvais