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grave que le commun de mes semblables. Il arriva alors que je cachai mes folies, et que, lorsque j’atteignis l’âge de réflexion et regardai autour de moi pour constater mes progrès et ma situation dans le monde, j’étais déjà livré à une vie de profonde duplicité. Plus d’un sans doute à ma place eût fait parade des irrégularités dont j’étais coupable ; mais, étant données les grandes vues que j’avais en moi-même, je les considérais comme graves et les cachais avec un sentiment de honte pour ainsi dire malsain. Ce fut donc la nature exigeante de mes aspirations, plutôt qu’aucun avilissement particulier dans mes désordres, qui me fit ce que j’étais, et trancha en moi, plus profondément que dans la majorité des hommes, ces deux provinces, le bien et le mal, qui divisent et composent la double nature de l’homme. Mes pensées alors revenaient sans cesse et