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murmuraient à peine un salut, et se mettaient de suite à manger.

Il y en avait environ une vingtaine de réunis, lorsqu’un bruit de satisfaction étouffée s’éleva tout près dans l’aubépine, et aussitôt après un groupe de cinq ou six hommes des bois déboucha sur la prairie, portant un brancard. Un individu, grand et vigoureux, quelque peu grisonnant et aussi brun qu’un jambon fumé, marchait devant eux avec un certain air d’autorité, et un brillant épieu à la main.

— Garçons, cria-t-il, braves garçons et mes véritables et joyeux camarades, vous avez chanté ces temps-ci sur un sifflet sec et vécu médiocrement. Mais que vous ai-je dit, toujours ! Attendez vaillamment la fortune ; elle tourne, elle tourne vite. Et tenez, voici son premier bon mouvement : cette excellente chose, de l’ale.

Il y eut un murmure de satisfaction lorsque les porteurs déposèrent la civière et découvrirent une bonne barrique.

— Et à présent dépêchez-vous, garçons, il y a de l’ouvrage. Une poignée d’archers viennent d’arriver au gué. Leurs couleurs sont rouge sombre et bleu, ils sont votre but — ils goûteront tous aux flèches — pas un d’entre eux ne doit sortir du bois. Car, mes braves, nous sommes ici une cinquantaine, chacun de nous odieusement spolié ; quelques-uns ont perdu des terres, d’autres des