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flèches et un morceau de carcasse de daim étaient suspendus à une aubépine fleurie.

Bientôt l’individu se relâcha de son attitude attentive, porta la cuillère à sa bouche, goûta, fit un signe de tête et recommença à remuer et à chanter.


Oh ! il faut qu’ils errent dans le bois ceux qui ne peuvent aller en ville.


croassa-t-il, reprenant son chant où il l’avait laissé.


Ô Seigneur, nous ne sommes pas du tout ici pour mal faire,
Mais, si nous nous rencontrons avec un cerf du bon roi, pour lui lancer une flèche.


Tout en chantant, il prenait de temps en temps une cuillerée de bouillon, soufflait dessus et la goûtait en se donnant des airs de cuisinier expérimenté. Enfin, quand il jugea le ragoût prêt, il prit la corne de sa ceinture et en donna trois appels modulés. L’autre se réveilla, se retourna, chassa le papillon et regarda autour de lui.

— Eh quoi, frère ? dit-il. Dîner ?

— Oui, ivrogne, répliqua le cuisinier, c’est le dîner, et un dîner sec par-dessus le marché, sans bière ni pain. À présent on n’a plus d’agrément dans les bois, il fut un temps où un brave garçon pouvait y vivre aussi bien qu’un abbé mitré, à part