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complètement le rôle d’un capitaine sagace ; la conduite de Dick était celle d’un enfant impatient. Et le jeune chevalier était là, sa fiancée, il est vrai, le tenait serré par la main, mais, sauf elle, seul, sa troupe d’hommes et de chevaux dispersée tout entière dans la nuit et la vaste forêt, comme une carte d’épingles dans un grenier à foin.

— Les saints me protègent ! pensa-t-il. Il est heureux que j’aie été fait chevalier pour l’affaire de ce matin. Ceci me fait peu d’honneur.

Et, là-dessus, tenant toujours Joanna, il se mit à courir.

Le silence de la nuit était maintenant brisé par les cris des hommes de Tunstall galopant de ci et de là à la chasse des fuyards, et Dick coupa hardiment à travers le taillis et courut droit devant lui comme un cerf. La clarté argentée de la lune sur la neige découverte augmentait par contraste l’obscurité des fourrés ; et la dispersion des vaincus en tous sens attirait les poursuivants dans les sentiers les plus divergents. Aussi, pour un court instant, Dick et Joanna s’arrêtèrent à l’abri d’un fourré épais et écoutèrent les bruits de la poursuite qui s’éparpillait au loin dans toutes les directions et déjà diminuait par la distance.

— Si j’en avais seulement gardé une réserve, s’écria Dick amèrement, j’aurais pu encore renverser les rôles ! Eh bien ! nous vivons et apprenons ;