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avait pas une place qui ne fourmillât de bourgeois fugitifs entourés de leur famille et chargés de ce qu’ils avaient de plus précieux, et au grand autel les prêtres, en grand costume, imploraient la grâce de Dieu. Au moment même où Dick entra, le chœur se mit à tonner sous la voûte.

Il se hâta entre les groupes de réfugiés et arriva à la porte de l’escalier qui conduisait au clocher. Là un homme d’église de haute taille le devança et l’arrêta.

— Où allez-vous, mon fils ? demanda-t-il sévèrement.

— Mon père, répondit Dick, je suis ici en mission de guerre ; ne m’arrêtez pas, je commande ici pour Monseigneur de Gloucester.

— Pour Monseigneur de Gloucester ? répéta le prêtre. La bataille a-t-elle donc si mal tourné ?

— La bataille, Père, est finie, Lancastre en fuite, lord Risingham… Dieu ait son âme !… Et maintenant, avec votre permission, je continue mes affaires. Et, poussant de côté le prêtre qui parut stupéfait de ces nouvelles, Dick, d’un coup, ouvrit la porte et franchit les marches quatre à quatre sans arrêt et sans faux pas jusqu’à la plate-forme.

La tour de l’église de Shoreby ne commandait pas seulement la ville, étendue comme un plan, mais dominait au loin, des deux côtés, la mer et la terre. Il était maintenant près de midi, le jour extrêmement brillant, la neige éblouissante. Et,