Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À ce moment le matelot, Tom, qui était un homme d’une grande vigueur physique, parut concevoir quelque méfiance contre ces deux formes silencieuses ; et, étant plus sobre que son capitaine, il s’avança brusquement devant lui, saisit rudement Lawless par l’épaule, et lui demanda avec un juron ce qu’il avait à se taire. Alors l’outlaw, pensant que tout était perdu, répondit par une feinte de lutteur qui étendit le matelot sur le sable, et criant à Dick de le suivre, prit sa course à travers les décombres.

L’affaire dura une seconde. Avant que Dick pût se mettre à courir, Arblaster l’avait pris dans ses bras, Tom, relevant la tête, l’avait pris par un pied, et le troisième brandissait au-dessus de lui un coutelas dégainé.

Ce n’était pas tant le danger, ce n’était pas tant l’inquiétude, qui, à ce moment, abattait le courage du jeune Shelton, c’était la profonde humiliation d’avoir échappé à Sir Daniel, d’avoir convaincu Lord Risingham, et de tomber maintenant sans défense dans les mains de ce vieux matelot ivrogne, et non seulement sans défense, mais, comme sa conscience le lui disait bien haut, trop tard, réellement criminel… ! réellement le débiteur insolvable de l’homme dont il avait volé et perdu le bateau.

— Emportez-le-moi dans la taverne que je voie sa figure, dit Arblaster.