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— Honnêtement répondu, dit-il ; mais pourquoi alors me livrez-vous cette lettre ?

— Mais contre les traîtres, Monseigneur, tous les partis ne sont-ils pas d’accord ? s’écria Dick.

— Je voudrais qu’ils le soient, jeune homme, répliqua le comte, et, du moins, j’approuve votre parole ; il y a plus de jeunesse que de crime en vous, je le vois ; et si Sir Daniel n’était un homme puissant dans notre parti, je serais presque tenté d’épouser votre querelle, car j’ai fait une enquête et il en résulte que vous avez été durement traité, et cela vous excuse grandement. Mais, voyez-vous, Monsieur, je suis avant tout un chef au service de la reine ; et, bien que, par nature, homme juste, je crois, et porté à l’indulgence, même à l’excès, cependant, je dois diriger mes actes dans l’intérêt de mon parti, et, pour garder Sir Daniel, je ferais beaucoup.

— Monseigneur, répliqua Dick, vous me trouverez bien hardi de vous donner un avis : mais comptez-vous sur la foi de Sir Daniel ? il me semble qu’il a changé de parti bien souvent.

— Eh ! c’est la manière d’Angleterre. Que voulez-vous ? demanda le comte. Mais vous êtes injuste pour le chevalier de Tunstall, et telle que va la foi dans cette génération sans foi, il s’est montré naguère honorablement loyal envers nous autres de Lancastre. Même dans nos derniers revers il a tenu ferme.