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obligeant ; il était de ces hommes qui sont cruels comme la tombe envers ceux qu’ils appellent leurs ennemis, mais brutalement fidèles et dévoués envers ceux qu’ils appellent leurs amis ; et, pendant que Sir Olivier entrait dans la maison voisine pour adresser, de son élégante et rapide écriture, un mémoire des derniers événements à son maître, Sir Daniel Brackley, Bennet se rapprocha de son élève, pour lui souhaiter bonne chance au départ.

— Il faut prendre le plus long, maître Shelton, dit-il ; faire le tour par le pont ; il y va de la vie ! Ayez un homme sûr cinquante pas devant vous pour attirer les coups ; et allez doucement jusqu’à ce que vous ayez passé le bois. Si les gredins tombent sur vous, galopez ; il ne sert à rien de leur faire face. Et toujours en avant, maître Shelton ; ne me revenez pas, si vous tenez à la vie ; il n’y a rien de bon à espérer dans Tunstall, souvenez-vous-en. Et, maintenant, puisque vous allez aux grandes guerres, et que je continue à demeurer ici au grand péril de ma vie, en sorte que les saints peuvent seuls savoir si nous nous rencontrerons ici-bas, je veux vous donner mes derniers conseils au moment du départ. Ayez l’œil sur Sir Daniel ; il n’est pas sûr. Ne mettez pas votre confiance dans ce faquin de prêtre ; il n’a pas de mauvaises intentions, mais il fait la volonté d’autres ; Sir Daniel le manie comme il veut ! Faites-vous de bons protecteurs partout où vous irez ; faites-vous des amis