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conduire en haut, je puis en trouver une autre pour me faire descendre. Quel est le nom de l’espion ?

— Rutter, dit la jeune dame, et un excellent nom pour lui. Mais comment ferez-vous, chasseur de lions ? Quelle est votre idée ?

— J’essaierai d’aller hardiment, droit devant moi, répliqua Dick ; et, si quelqu’un m’arrête, je resterai impassible, et dirai que je vais prier pour Rutter. On doit être déjà en train de prier sur son pauvre cadavre.

— La ruse est un peu simple, répliqua la jeune fille, mais peut réussir.

— Non, dit le jeune Shelton, ce n’est pas de la ruse, mais de la pure témérité, ce qui vaut mieux parfois, dans les cas les plus difficiles.

— Vous avez raison, dit-elle. Eh bien, allez, au nom de Marie, et que le Ciel vous protège ! Vous laissez ici une pauvre fille qui vous aime absolument et une autre qui est de grand cœur votre amie. Soyez prudent en pensant à elles, et ne faites pas naufrage au port.

— Oui, ajouta Joanna, allez, Dick. Vous ne risquez pas plus à partir qu’à rester. Allez, vous emportez mon cœur avec vous : que les saints vous protègent !

Dick passa la première sentinelle d’un air si assuré, que l’homme simplement s’agita et le fixa ; mais, au second palier, l’homme mit sa