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core, s’ajouta une nouvelle cause d’inquiétude. Une voix rauque et avinée commença à se faire entendre de l’escalier, et peu après des pas inégaux, lourds et chancelants, résonnèrent le long du corridor.

— Que faites-vous là, joyeux compagnons, dans les bois verts ? chantait la voix. Que faites-vous là ? Hé les sots, que faites-vous là ? ajouta-t-elle avec un accès de rire d’ivrogne ; puis le chant reprit :


Si vous buvez le vin clair,
Gros Frère Jean, mon ami —
Si je mange et si vous buvez,
Qui chantera la messe, dites-moi ?


Lawless, hélas ! qui roulait, ivre, errant dans la maison pour chercher un coin où cuver ses libations. Dick rageait intérieurement. L’espion d’abord effrayé, s’était rassuré en voyant qu’il n’avait affaire qu’à un ivrogne, et avec un mouvement d’une rapidité féline glissa hors de la chambre et disparut de la vue de Dick.

Que faire ? S’il perdait contact avec Lawless pour la nuit, il était également incapable de combiner un plan pour l’enlèvement de Joanna et de l’exécuter. Si, d’autre part, il se risquait à interpeller l’outlaw ivre, l’espion pouvait être encore à portée de voix, d’où les conséquences les plus funestes.

Dick se résolut à courir cette chance. Se déga-