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— Non, répliqua Lawless, je vais sortir dans le bois et me siffler trois couplets d’une chanson ; pendant ce temps, enterrez-les où il vous plaira, et égalisez le sable sur l’endroit.

— Jamais ! s’écria Richard. J’ai confiance en vous, l’homme. Je serais vraiment vil, si je ne me fiais à vous.

— Frère, vous n’êtes qu’un enfant, répliqua le vieil outlaw, s’arrêtant à l’entrée de la caverne et se retournant vers Dick. Je suis un bon vieux chrétien, je ne suis pas un traître, et je n’épargne pas mon sang quand un ami est en danger. Mais, fou, enfant, je suis un voleur, par métier, par naissance, par habitude. Si ma bouteille était vide et ma gorge sèche, je vous volerais, cher enfant, aussi sûrement que j’aime, estime, admire vos actions et votre personne ! Peut-on parler plus clairement ? Non.

Et il marcha en clopinant entre les buissons et faisant claquer ses gros doigts.

Dick, laissé seul, après avoir donné une pensée étonnée à l’inconséquence du caractère de son compagnon, sortit ses papiers, les examina encore, et les enterra. Il en réserva un seul, qu’il conserva sur lui, car il n’était aucunement compromettant pour ses amis, et pouvait lui servir, en cas de malheur, contre Sir Daniel. C’était la propre lettre de chevalier à Lord Wensleydale portée par Throgmorton, le lendemain de la défaite de