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remercia du courage qu’ils avaient déployé bien qu’en son cœur il eût préféré leur reprocher leur poltronnerie ; puis après avoir ainsi un peu adouci l’effet de ses insuccès répétés, il les laissa retrouver leur chemin séparément ou par couples, vers Shoreby et « La Chèvre et la Musette ».

De son côté, influencé par ce qu’il avait vu à bord de la Bonne Espérance, il choisit Lawless pour son compagnon de route. La neige tombait sans interruption ni changement, nuage égal et aveuglant, le vent était tombé et ne soufflait plus ; et toute chose s’effaçait, couverte par cette chute silencieuse. Il y avait grand danger de se tromper de chemin et de périr dans un tourbillon ; et Lawless, marchant un demi-pas environ en avant de son compagnon, tendant le cou comme un chien sur une piste, demandait son chemin à chaque arbre et étudiait sa direction comme s’il eût gouverné un vaisseau parmi des récifs.

À peu près à un mille dans la forêt, ils arrivèrent à un endroit plusieurs routes se rencontraient sous un bosquet de chênes hauts et tordus. Même dans l’étroit horizon de la neige tombante, c’était un endroit qu’on ne pouvait manquer de reconnaître, et Lawless le reconnut avec une particulière satisfaction.

— À présent, maître Richard, dit-il, si vous n’êtes pas trop fier pour être l’hôte d’un homme qui n’est ni un gentilhomme de naissance, ni même un bon