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Aussitôt qu’il eut dépassé la porte, dix bras vigoureux le saisirent et le lièrent, et deux minutes après, les membres liés, et un bon bâillon sur la bouche, il fut jeté comme un paquet dans un grenier à foin du voisinage. Bientôt son matelot Tom, arrangé de même façon, fut jeté à côté de lui, et tous deux furent laissés pour la nuit à leurs peu ordinaires réflexions.

Alors, le moment des ruses étant passé, la troupe de Lord Foxham fut ralliée à un signal convenu, et tous, s’emparant d’autant de bateaux que leur nombre en exigeait, dirigèrent à la rame toute une flottille vers la lumière dans les cordages du navire. Bien avant que le dernier homme eût grimpé sur la Bonne Espérance, un bruit de cris furieux, venant de la côte, montra qu’une partie au moins des matelots, avait découvert la perte de leurs barques.

Mais il était trop tard pour les reprendre ou pour se venger. Sur les quarante hommes armés, environ, réunis sur le vaisseau volé, huit avaient été à la mer et pouvaient encore faire la manœuvre. Avec leur aide, un morceau de voile fut tendu. Le câble fut coupé. Lawless, titubant et chantant encore le refrain d’une ballade de matelots, prit en main la longue barre du gouvernail ; et la Bonne Espérance s’avança en glissant dans l’obscurité de la nuit, et s’enfonça dans les grandes lames au delà de la barre du port.