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où la barque approcha, une épaisse chute de neige et un soudain assombrissement du temps cacha la suite des opérations des outlaws à tout espionnage possible. En un instant ils avaient sauté sur le pont, et la barque dansait à l’arrière. La Bonne Espérance était prise.

C’était un bon et solide bateau, ponté par le travers et entre poupe et proue, mais découvert à l’arrière. Il avait un mât et son gréement tenait de la felouque et du lougre. Il semblait que le capitaine Arblaster eût fait une excellente croisière car la cale était pleine de pièces de vin de France ; et dans la petite cabine, outre la Vierge Marie dans sa niche, qui prouvait la piété du capitaine, il y avait bon nombre de coffres et armoires fermés à clef qui montraient qu’il était riche et rangé.

Un chien, qui était le seul occupant du navire, aboya furieusement et mordit aux talons les nouveaux venus ; il fut bientôt poussé à coups de pieds dans la cabine, et la porte fermée sur son juste ressentiment. Une lampe fut allumée et fixée dans le cordage pour que l’on pût bien distinguer le vaisseau du rivage ; une des pièces de vin dans la cale fut défoncée et un verre d’excellent vin de Gascogne vidé à l’entreprise de la nuit ; puis, tandis qu’un des outlaws préparait son arc et ses flèches pour être prêt à défendre le vaisseau contre tout venant, l’autre hala la barque, sauta par-dessus bord et la maintint en attendant Dick.