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présent dont vous vous souvenez sans doute avoir entendu parler. Je suis riche aujourd’hui, j’ai laissé la mer et je fais voile le plus souvent sur de l’ale épicée. Viens, mon garçon, donne ta main et viens trinquer avec un vieux camarade !

Le capitaine Arblaster, homme à la figure longue, âgé et usé par l’air, un couteau pendu au cou par une corde nattée et tout semblable à un matelot moderne dans sa tenue et sa démarche, s’était reculé avec un étonnement et une méfiance visibles. Mais le mot de propriété et un certain air de simplicité et de bonne camaraderie d’ivrogne que Lawless savait très bien prendre, se combinèrent pour triompher de ses craintes soupçonneuses, sa figure se détendit, et aussitôt il présenta sa main ouverte et serra celle de l’outlaw dans une formidable étreinte.

— Non, dit-il, je ne me souviens pas de vous. Mais qu’est-ce que ça fait ? Je boirais avec n’importe qui, compère, et mon matelot Tom aussi. Matelot Tom, ajouta-t-il, s’adressant à son compagnon, voici mon compère dont je ne me rappelle pas le nom, mais qui est sûrement un très bon marin. Allons boire avec lui et son ami terrien.

Lawless montra le chemin, et ils furent bientôt assis dans une brasserie toute nouvelle, et située dans un endroit exposé et solitaire, et pour cette raison moins encombrée que celles près du centre du port. Ce n’était qu’un hangar de bois, ressem-