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Une longue durée de mauvais temps les avait ramenés de la haute mer dans l’abri du port ; et les grands amas de nuages noirs, les froides rafales qui se succédaient, tantôt avec des tourbillons de neige, tantôt en simples coups de vent, n’étaient guère rassurants, mais menaçaient de quelque plus sérieuse tempête, avant peu.

Les matelots, à cause du froid et du vent, s’étaient pour la plupart esquivés à terre et criaient et chantaient dans les tavernes du port. Bien des vaisseaux déjà se balançaient abandonnés sur leurs ancres, et, comme le jour s’avançait et que le temps ne semblait pas devoir se remettre, le nombre en augmentait sans cesse. Ce fut sur ces navires désertés, et surtout sur ceux qui étaient le plus éloignés, que Lawless porta son attention, tandis que Dick, assis sur une ancre à moitié enlisée dans le sable, prêtant l’oreille, tantôt à la voix rude, puissante et pleine de présages de la tempête, tantôt aux chants discordants des matelots dans une taverne voisine, oublia bientôt tout ce qui l’entourait, et ses soucis, à l’agréable souvenir de la promesse de Lord Foxham.

Il fut dérangé par un léger coup sur l’épaule. C’était Lawless qui désignait un petit vaisseau, quelque peu isolé, et à petite distance de l’embouchure du port, où il se soulevait régulièrement et doucement à l’entrée des lames. Un pâle rayon de soleil d’hiver tomba à ce moment sur le pont du