Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Se tenant assez loin du mur, et profitant de chaque monticule et de chaque creux, ils longèrent deux côtés de la maison sans rien voir. Sur le troisième côté, le mur du jardin était construit sur la grève, et, pour conserver la distance nécessaire à leur dessein, ils durent descendre sur le sable. Quoique la marée fût encore assez basse, le ressac était si fort et le sable si plat qu’à chaque vague une grande lame d’écume et d’eau venait couvrir une grande étendue, et Dick et Greensheve firent cette partie de leur inspection, à gué, tantôt jusqu’aux chevilles, tantôt jusqu’aux genoux, dans l’eau salée et froide de la mer du Nord.

Tout d’un coup, contre la blancheur relative du mur du jardin, le corps d’un homme se montra comme une faible ombre chinoise faisant de grands signaux avec ses deux bras. Comme il retombait sur le sol, un autre se leva un peu plus loin et répéta le même exercice. Et ainsi de suite comme un silencieux mot d’ordre, ces gestes firent le tour du jardin assiégé.

— Ils font bonne garde, murmura Dick.

— Retournons vers la terre, bon maître, répondit Greensheve. Nous sommes ici trop à découvert, car regardez, quand la vague va se briser lourde et blanche derrière nous, ils nous verront distinctement contre l’écume.

— Vous avez raison, répliqua Dick. Retournons à terre rapidement.