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jours du produit des confiscations, était dans une maison à lui, dans la rue principale, avec soixante hommes. Le monde avait, en vérité, changé.

C’était une sombre et très froide soirée de la première semaine de janvier, avec une forte gelée, un vent aigre, et toutes les apparences que la neige tomberait avant le matin.

Dans une taverne obscure, dans une rue détournée, près du port, trois ou quatre hommes étaient assis, buvant de la bière et faisant un hâtif repas d’œufs. C’étaient tous compagnons également vigoureux et bronzés, la main dure, l’œil hardi ; et, quoiqu’ils portassent de simples tuniques comme des paysans, même un soldat ivre aurait regardé à deux fois avant de chercher querelle à une telle compagnie.

Un peu à part, devant le grand feu, était assis un jeune homme, presque un enfant, habillé à peu près de la même façon, bien qu’il fût facile de voir, à ses manières, qu’il était mieux né et qu’il aurait pu porter une épée, si l’occasion l’avait permis.

— Non, dit un des hommes à la table ; je n’aime pas cela. Il en arrivera mal. Ce n’est pas un endroit pour de bons vivants. Un bon vivant, aime la pleine campagne, bon gîte et peu d’ennemis ; mais, ici, nous sommes enfermés dans une ville, entourés d’ennemis, et, pour comble de malheur, voyez s’il ne neigera pas avant le matin.