Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

était tout honteux de sa menace. Cependant il fit un nouvel effort.

— Carter, dit-il, comprenez-moi bien. Je sais que vous n’étiez qu’un instrument dans la main des autres ; un rustre doit obéissance à son seigneur, je ne voudrais pas le charger trop durement. Mais je commence à apprendre de bien des côtés que ce grand devoir pèse sur ma jeunesse et mon ignorance : venger mon père. Je t’en prie donc, mon bon Carter, oublie mes menaces et par pur bon vouloir et en honnête pénitence, dis-moi un mot qui m’aide.

Le blessé garda le silence ; et, quoi que Dick pût dire, il n’en tira pas un mot.

— Bien, dit Dick, je vais aller chercher le prêtre comme vous le désirez ; car, que vous ayez commis des fautes vis-à-vis de moi ou des miens, je ne veux pas en commettre envers qui que ce soit, encore moins contre un homme à ses derniers moments.

Le vieux soldat continua à garder le silence et l’immobilité ; même il retenait ses plaintes, et, lorsque Dick se retourna et quitta la chambre, il admira cette rude force d’âme.

— Et, pourtant, pensait-il, à quoi sert le courage sans l’esprit ? Si ses mains avaient été pures, il aurait parlé, son silence confesse le secret plus haut que les paroles. Oui, de tous côtés, les preuves affluent. Sir Daniel, lui ou ses hommes, ont fait cela.