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je suis bien bas, ma blessure est mortelle. Vous ne pouvez plus rien pour moi : ce sera le dernier service. Mais pour ma pauvre âme et comme un loyal gentilhomme, dépêchez-vous, car j’ai cette affaire sur la conscience qui pèsera bien lourd.

Il gémit, et Dick entendit ses dents claquer de frayeur ou de douleur.

À ce moment Sir Daniel parut sur le seuil de la salle. Il tenait une lettre à la main.

— Garçons, dit-il, nous avons eu une secousse, nous avons eu une culbute, pourquoi le nier ? Il vaut mieux remonter bien vite sur sa bête. Ce vieux Henri VI a eu le dessous. Lavons-nous-en les mains. J’ai un bon ami, très haut placé dans le parti du duc, Lord Wensleydale. Eh bien, j’ai écrit une lettre à mon ami, priant Sa Seigneurie et offrant large satisfaction pour le passé et caution raisonnable pour l’avenir. Je ne doute pas qu’il me soit favorable. Prière sans présents est une chanson sans musique : je le gorge de promesses, amis… je ne suis pas avare de promesses. Qu’est-ce qui manque alors ? Hé ! une chose essentielle… pourquoi vous tromper ?… une chose essentielle et difficile : un messager pour porter la lettre. La forêt… vous ne l’ignorez pas… fourmille de nos ennemis. La rapidité est très nécessaire ; mais sans ruse et précaution, elle ne sert à rien. Qui donc parmi vous va me prendre cette lettre, la porter à Lord Wensleydale et me rapporter la réponse ?