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saient des épées depuis longtemps hors d’usage, mais même en travaillant ils branlaient la tête. Douze des gens de Sir Daniel s’étaient enfuis de la bataille, s’étaient risqués à traverser la forêt et étaient arrivés vivants à Moat-House. Mais sur ces douze, trois avaient été sérieusement blessés, deux à Risingham dans le désordre de la déroute, un par la terreur de Jean Répare-tout en traversant la forêt. Cela mettait la force de la garnison en comptant Hatch, Sir Daniel et le jeune Shelton à un effectif de vingt-deux hommes. Et à tout moment on pouvait espérer en voir arriver d’autres. Le danger, par conséquent, n’était pas dans le manque d’hommes.

C’était la terreur de la Flèche-Noire qui déprimait les courages. De leurs ennemis déclarés du parti d’York, par ces temps de changements continuels, ils ne se préoccupaient guère. Le monde, comme on disait alors, pouvait changer encore avant qu’il n’arrive du mal. Mais leurs voisins dans la forêt les faisaient trembler. Ce n’était pas Sir Daniel seul qui était en butte à la haine. Les hommes, certains de l’impunité, s’étaient conduits cruellement dans tout le pays. De durs ordres avaient été exécutés durement, et, de la petite bande qui causait, assise dans la cour, il n’y en avait pas un qui ne fût coupable de quelque excès ou cruauté. Et maintenant, par la fortune de la guerre, Sir Daniel était devenu impuissant à protéger ses instruments ;