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LE MAÏTRE-COQ

tions et couchettes, quand un ou deux retardataires, accompagnés de Long John, arrivèrent dans un canot du port.

Le cuisinier, agile comme un singe, escalada le bord, et vit aussitôt de quoi il s’agissait. Il s’écria :

— Holà, camarades ! qu’est-ce que vous faites ?

— Nous déménageons la poudre, répondit l’un.

— Mais, par tous les diables ! lança Long John, si on fait ça, on va manquer la marée du matin !

— Mes ordres, dit sèchement le capitaine. Vous pouvez aller à vos fourneaux, mon garçon. L’équipage va réclamer son souper.

— Bien, monsieur, répondit le coq en saluant.

Et il se dirigea vers sa cuisine.

— Voilà un brave homme, capitaine, dit le docteur.

— C’en a tout l’air, monsieur… répliqua le capitaine. Doucement avec ça, les hommes, doucement, continua-t-il, en s’adressant aux gars qui maniaient la poudre.

Puis soudain, me surprenant à examiner la caronade que portait le bateau par son milieu, une longue pièce de neuf, en bronze :

— Dites donc, le mousse, cria-t-il, filez-moi de là. Allez demander au cuisinier qu’il vous donne de l’ouvrage.

Je m’esquivai au plus vite, mais je l’entendis qui disait au docteur, très haut :

— Je ne veux pas de privilégiés sur mon navire. Je vous garantis que j’étais bien de l’avis du chevalier, et que je détestais cordialement le capitaine.