tures imaginaires ne fut aussi étrange et dramatique que devait l’être pour nous la réalité.
Plusieurs semaines s’écoulèrent de la sorte. Un beau jour arriva une lettre adressée au docteur Livesey, avec cette mention : « À son défaut, Tom Redruth ou le jeune Hawkins en prendront connaissance. » Suivant cet avis, nous lûmes — ou plutôt je lus, car le garde-chasse n’était guère familiarisé qu’avec l’imprimé — les importantes nouvelles qui suivent :
« Bristol, ce 1er mars 17…
« Ignorant si vous êtes de retour au château ou encore à Londres, je vous écris de part et d’autre en double expédition.
« J’ai acheté et équipé le navire. Il est à l’ancre, prêt à appareiller. Vous ne pouvez imaginer goélette plus exquise… un enfant la manœuvrerait… deux cents tonneaux ; nom : Hispaniola.
« Je l’ai eue par l’intermédiaire de mon vieil ami Blandly, qui s’est conduit là comme le plus étonnant des bons bougres. Ce merveilleux gars s’est dévoué littéralement à mon service, et je dois dire que tout le monde dans Bristol en a fait autant, dès qu’on a eu vent du port vers lequel nous cinglons… c’est-à-dire le trésor. »
— Redruth, dis-je, interrompant ma lecture, voilà qui ne plaira guère au docteur Livesey. M. le chevalier a parlé, pour finir.
— Hé mais ! n’en a-t-il pas bien le droit ? grommela le garde-chasse. Ce serait un peu fort que M. le chevalier doive se taire à cause du docteur Livesey, il me semble.