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LE VIEUX FLIBUSTIER

je vous le déclare, monsieur, il m’arrivait parfois d’être fier qu’il fût anglais. J’ai vu de mes yeux paraître ses huniers, au large de l’île Trinité, et le lâche fils d’ivrognesse qui commandait notre navire s’est enfui… oui, monsieur, s’est enfui et réfugié dans Port-d’Espagne.

— Eh bien, moi aussi j’ai entendu parler de lui, en Angleterre, reprit le docteur. Mais ce n’est pas la question. Dites-moi : possédait-il de l’argent ?

— S’il possédait de l’argent ! Mais n’avez-vous donc pas écouté l’histoire ? Que cherchaient ces canailles, sinon de l’argent ? De quoi s’inquiètent-ils, sinon d’argent ? Pourquoi risqueraient-ils leurs peaux infâmes, sinon pour de l’argent ?

— C’est ce que nous allons voir, repartit le docteur. Mais vous prenez feu d’une façon déconcertante, et avec vos exclamations, je n’arrive pas à placer un mot. Laissez-moi vous interroger. En admettant que j’aie ici dans ma poche un indice capable de nous guider vers le lieu où Flint a enterré son trésor, croyez-vous que ce trésor serait considérable ?

— S’il serait considérable, monsieur ! Il le serait tellement que, si nous possédions l’indice dont vous parlez, je nolise un bâtiment dans le port de Bristol, je vous emmène avec Hawkins, et j’aurai ce trésor, dût sa recherche me prendre un an.

— Parfait ! Alors donc, si Jim y consent, nous ouvrirons le paquet.

Et il le déposa devant lui sur la table.

Le paquet était cousu, ce qui força le docteur à prendre dans sa trousse ses ciseaux chirurgicaux pour faire sauter les points et dégager son contenu, à savoir : un cahier et un pli scellé.

— Voyons d’abord le cahier, dit le docteur.