ment nos progrès ; mais peu à peu la montagne devint plus abrupte et offrit à notre marche un sol rocailleux, tandis que le bois, changeant de caractère, nous offrait plus d’espace libre. C’était en vérité un coin de l’île des plus plaisants que celui où nous pénétrions. Un genêt au parfum entêtant et divers arbustes en fleurs y remplaçaient le gazon. Parmi les verts bouquets de muscadiers, des pins mettaient çà et là leurs fûts rougeâtres et leurs vastes ombrages, et le relent épicé des premiers se combinait à l’odeur aromatique des seconds. L’air, d’ailleurs, était vif et frais, ce qui, sous les rais d’un soleil vertical, nous était d’un merveilleux réconfort.
Avec des cris et des bonds, la troupe s’éparpilla en éventail. Vers le centre, et assez loin en arrière, Silver et moi suivions les autres – moi tenu par ma longe, lui labourant à grands ahans les cailloux roulants. De temps à autre, même, je dus lui prêter mon aide pour l’empêcher de faire un faux pas et de redégringoler la pente.
Nous parcourûmes de la sorte environ un demi-mille, et nous allions atteindre le niveau du plateau, lorsque l’individu le plus éloigné sur la gauche se mit à pousser des exclamations d’horreur, en hélant ses compagnons, qui coururent à lui.
— Ce n’est pas possible qu’il ait trouvé le trésor, nous cria le vieux Morgan, qui arrivait de la droite, puisque le trésor est tout en haut.
En effet, comme nous le découvrîmes une fois sur les lieux, il s’agissait de bien autre chose. Au pied d’un fort gros pin, et à demi caché par un buisson vert, qui avait même à demi soulevé plusieurs des petits os, un squelette humain gisait sur le sol, avec quelques lambeaux de vêtements. Un frisson glaça d’abord tous les cœurs.