une certaine ambiguïté. Comme le lecteur s’en souvient peut-être, elle était ainsi conçue :
« Grand arbre, contrefort de la Longue-Vue,
« point de direction N.-N.-E. quart N.
« Île du Squelette, E.-S.-E. quart N.
« Dix pieds. »
Ainsi donc, un grand arbre constituait le principal repère. Or, tout droit devant nous, le mouillage était dominé par un plateau de deux ou trois cents pieds d’élévation, qui vers le nord se raccordait par une pente au contrefort méridional de la Longue-Vue, et aboutissait vers le sud aux abruptes falaises formant l’éminence dite du Mât-d’Artimon. Sur le plateau croissaient en foule des pins de hauteurs diverses. Par endroits, quelques pins d’une espèce particulière se dressaient isolément à quarante ou cinquante pieds au-dessus de leurs voisins ; mais pour déterminer lequel de ceux-ci était bien le « grand arbre » du capitaine Flint, il fallait se trouver sur les lieux et consulter la boussole.
Malgré cela, les embarcations n’étaient pas arrivées à moitié route, que chacun de ceux qui les montaient avait son favori. Le seul Long John haussait les épaules et leur conseillait d’attendre qu’on fût là-haut.
On nageait mollement, par ordre de Silver, qui craignait de fatiguer ses hommes trop tôt ; et après une fort longue traversée, on aborda à l’embouchure de la seconde rivière, celle qui dévale de la Longue-Vue par une ravine boisée. Ce fut de là qu’en appuyant sur la gauche, nous entreprîmes l’ascension de la pente qui menait au plateau.
Tout d’abord, le terrain gras et fangeux, et le fouillis des herbes marécageuses, entravèrent forte-