XXIV
La croisière du coracle
Il faisait grand jour lorsque je m’éveillai et me trouvai voguant à l’extrémité sud-ouest de l’Île au Trésor. Le soleil était levé, mais encore caché pour moi derrière la haute masse de la Longue-Vue, qui de ce côté descendait presque jusqu’à la mer en falaises formidables.
La pointe Hisse-la-Bouline et le mont du Mât-d’Artimon étaient tout proches : la montagne grise et dénudée, la pointe ceinte de falaises de quarante à cinquante pieds de haut et bordée de gros blocs de rocher éboulés. J’étais à peine à un quart de mille au large, et ma première pensée fut de pagayer vers la terre et d’aborder.
Ce projet fut vite abandonné. Parmi les pierres tombées, le ressac écumait et grondait ; avec des chocs violents, les lourdes lames jaillissaient et s’écroulaient, se succédant de seconde en seconde ; et je prévis que si je m’aventurais plus près, je serais roulé à mort sur cette côte sauvage, ou m’épuiserais en vains efforts pour escalader les rocs surplombants.
Et ce n’était pas tout, car, rampant de compagnie à la surface des tables rocheuses ou se laissant