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L’ÎLE AU TRÉSOR

Peu après le canot démarra, nageant vers le rivage, et l’homme au bonnet rouge disparut avec son camarade par le capot d’échelle.

Presque au même moment, le soleil se coucha derrière la Longue-Vue et, comme la brume s’épaississait rapidement, le crépuscule commença à tomber. Je n’avais pas de temps à perdre si je voulais découvrir le bateau ce soir-là.

La roche blanche, très visible au-dessus de la brousse, était bien encore à deux cents toises plus loin sur la langue de terre, et il me fallut un bon moment pour l’atteindre, en rampant la plupart du temps à quatre pattes, parmi le hallier. La nuit était presque tombée quand je posai la main sur son flanc rugueux. Juste au-dessous, à son pied, il y avait un minuscule creux de gazon vert, masqué par des rebords et par une épaisse végétation qui me venait à mi-jambe ; et au milieu du trou, une petite tente en peaux de chèvres, comme celles que les bohémiens transportent avec eux, en Angleterre.

Je sautai dans l’excavation, soulevai le pan de la tente, et vis le canot de Ben Gunn. Cette pirogue, rustique au possible, consistait en une carcasse de bois brut, grossière et de forme biscornue, avec, tendu par-dessus, un revêtement de peau de chèvre, le poil en dedans. L’esquif était fort petit, même pour moi, et je crois difficilement qu’il aurait porté un adulte. Il renfermait un banc placé aussi bas que possible, une sorte de marchepied de nage à l’avant, et une pagaie double en guise de propulseur.

À cette époque-là, je n’avais pas encore vu de coracle, ce bateau des anciens Bretons, mais j’en ai vu un depuis, et je ne peux donner une meilleure idée de la pirogue de Ben Gunn qu’en disant qu’elle ressemblait au premier et pire coracle qui soit jamais sorti de la main de l’homme. Mais elle possédait à