mais non dangereuses. Aucun organe n’était atteint irrémédiablement. La balle d’Anderson — qui avait tiré sur lui le premier — lui avait fracassé l’omoplate et atteint le poumon, mais légèrement ; la seconde n’avait que déchiré et déplacé quelques muscles du mollet. Il ne manquerait pas de guérir, estimait le docteur, mais à la condition de rester des semaines sans marcher, ni remuer le bras, et en parlant le moins possible.
L’estafilade sur les doigts due à mon accident n’était guère plus sérieuse qu’une piqûre de moustique. Le docteur Livesey me la couvrit d’un emplâtre et me tira les oreilles par-dessus le marché.
Après dîner, le chevalier et le médecin tinrent conseil un moment au chevet du capitaine ; et quand ils eurent bavardé tout leur soûl – il était alors un peu plus de midi – le docteur prit son chapeau et ses pistolets, s’arma d’un coutelas, mit la carte dans sa poche et, le mousquet sur l’épaule, il franchit la palanque par le côté nord et d’un pas rapide s’enfonça sous les arbres.
Je m’étais réfugié, en compagnie de Gray, tout à l’extrémité du blockhaus, afin de ne pas entendre le conciliabule de nos chefs. Gray fut tellement ébahi par cette sortie qu’il retira sa pipe de sa bouche et oublia complètement de l’y replacer.
— Mais, par maître Lucifer ! est-ce que le docteur Livesey est fou ?
— Mais je ne pense pas, répliquai-je. Il serait le dernier de nous tous à le devenir, j’en suis sûr.
— Eh bien, mon gars, reprit Gray, je me trompe peut-être ; mais alors, si lui n’est pas fou, entends-tu bien, c’est moi qui le suis.
— Je parie, répliquai-je, que le docteur a son idée. Si je ne me trompe, il s’en va maintenant rendre visite à Ben Gunn.