la porte ; et le capitaine lui-même allait de l’un à l’autre, nous stimulant et donnant un coup de main où il en était besoin.
De temps à autre, le docteur venait à la porte pour respirer un peu et reposer ses yeux tout rougis par la fumée, et il ne manquait jamais de m’adresser la parole.
— Ce Smollett, prononça-t-il une fois, vaut mieux que moi, Jim. Et ce que je dis là n’est pas un mince éloge.
Une autre fois, il resta d’abord un moment silencieux. Puis il pencha la tête de côté et me considéra, en demandant :
— Ce Ben Gunn est-il un homme comme les autres ?
— Je ne sais, monsieur, répondis-je. Je ne suis pas sûr qu’il soit sain d’esprit.
— S’il y a là-dessus le moindre doute, c’est qu’il l’est. Quand on a passé trois ans à se ronger les ongles sur une île déserte, on ne peut vraiment paraître aussi sain d’esprit que vous et moi. Ce serait contraire à la nature. C’est bien du fromage dont il dit qu’il a envie ?
— Oui, monsieur, du fromage.
— Eh bien, Jim, voyez qu’il est parfois bon d’avoir le goût raffiné. Vous connaissez ma tabatière, n’est-ce pas ? et vous ne m’avez jamais vu priser : la raison en est que je garde dans cette tabatière un morceau de parmesan… un fromage fait en Italie, très nutritif. Eh bien ! voilà pour Ben Gunn !
Avant de manger notre souper, nous enterrâmes le vieux Tom dans le sable, et restâmes autour de lui quelques instants à nous recueillir, tête nue sous la brise. On avait rentré une bonne provision de bois à brûler, mais le capitaine la jugea insuffisante ;