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LA PALANQUE

modifier mon plan et de détruire leurs embarcations, mais Silver et les autres pouvaient être à portée, et je craignis de tout perdre en voulant trop en faire.

Ayant pris terre à la même place que précédemment, nous nous mîmes en devoir de ravitailler le blockhaus. Nous fîmes le premier voyage à nous trois, lourdement chargés, et lançâmes nos provisions par-dessus la palissade. Puis, laissant Joyce pour les garder — un seul homme, à vrai dire, mais pourvu d’une demi-douzaine de mousquets — Hunter et moi retournâmes au petit canot prendre un nouveau chargement. Nous continuâmes ainsi sans nous arrêter pour souffler, jusqu’à ce que la cargaison fût en place ; alors les deux valets prirent position dans le blockhaus, tandis que je ramais de toutes mes forces vers l’Hispaniola.

Que nous ayons risqué de charger une seconde fois le canot, cela paraît plus audacieux que ce ne l’était réellement. À coup sûr, nos adversaires avaient l’avantage du nombre, mais il nous restait celui des armes. Pas un des hommes à terre n’avait un mousquet, et, avant qu’ils pussent arriver à portée pour leurs pistolets, nous nous flattions de pouvoir régler leur compte à une bonne demi-douzaine d’entre eux.

Le chevalier, complètement remis de sa faiblesse, m’attendait au sabord de retraite. Il saisit notre aussière, qu’il amarra, et nous nous mîmes à charger l’embarcation à toute vitesse. Lard, poudre et biscuit formèrent la cargaison, avec un seul mousquet et un coutelas par personne, pour le chevalier et moi, Redruth et le capitaine. Le reste des armes et de la poudre fut jeté à la mer par deux brasses et demie d’eau, si bien que nous pouvions voir au-dessous de nous l’acier briller au soleil sur le fond de sable fin.