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Une autre voix répondit bientôt à la première ; puis celle-ci, dans laquelle je reconnus alors celle de John Silver, recommença à parler et continua pendant assez longtemps, interrompue de temps à autre par la seconde. À leur ton, je jugeai qu’elles parlaient avec animation, presque avec colère ; mais pas un mot distinct n’arrivait à mon oreille.

Enfin, les deux interlocuteurs parurent s’arrêter. Sans doute ils s’étaient assis, car ils ne se rapprochaient plus de moi, et les oiseaux, cessant de tournoyer dans les airs, redescendaient peu à peu dans le marécage. Une sorte de remords se fit alors jour dans ma conscience. Il me sembla que je ne faisais pas mon devoir en flânant pour mon plaisir ; qu’ayant eu la témérité de venir à terre avec ces coquins, je devais au moins tenter de les surveiller et d’assister à leurs conseils ; en un mot, je sentis qu’il fallait me rapprocher d’eux le plus possible, à l’ombre propice de ces grands arbres à branches traînantes, dont j’étais entouré.

Je me rendais assez exactement compte, par le bruit des voix, de la direction qu’il fallait prendre, et quelques oiseaux qui voletaient au-dessus des deux interlocuteurs m’aidaient à reconnaître le but. Rampant sur les mains et les genoux, je m’avançai sans bruit jus-