Page:Stevenson - L'Île au trésor, trad. Savine-Lieutaud.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’en est tout à fait une autre d’avoir à examiner un livre entier, de faire un inventaire de toutes les allusions qu’il contient et, avec un compas, de dessiner avec beaucoup de peine une carte pour se conformer aux données. Je le fis ; et la carte fut une seconde fois dessinée dans le bureau de mon père, avec embellissements de baleines soufflant et de vaisseaux voguant ; mon père lui-même apporta le concours de la dextérité qu’il avait obtenue dans diverses contrées et contrefit avec soin la signature du capitaine Flint et les indications nautiques de Billy Bones.

Mais, d’une façon ou d’une autre, ce ne fut jamais mon Ile au Trésor.

J’ai dit que la carte était pour moi le principal de l’intrigue.

Je dois aussi dire qu’elle en était tout le sujet.

Quelques ressouvenus de Poe, de de Foe et de Washington Irving, un exemplaire des Boucaniers de Johnson, le nom du « Coffre de V Homme mort » de A la fin de Kingsley, quelques descriptions de canotage sur les hautes mers et la carte elle-même, avec son infinie, son éloquente suggestion, cela composait entièrement mes matériaux.

Il est peut-être rare qu’une carte figure de façon aussi suivie dans un roman, si importante qu’elle y soit.

L’auteur doit connaître les côtes de son pays, ou réelles ou imaginaires ; il doit les connaître comme sa main.

Les distances, les points de la boussole, la direction du levant, la marche de la lune seront établis sans hésitation. Et combien troublante est la lune ! J’en suis arrivé à discuter sur la lune dans le Prince Otto, et ainsi, aussitôt que cela me fut signalé, j’adoptai une précaution que je recommande aux autres : je n’écris jamais maintenant sans un almanach.

Avec un almanach, la carte du pays et le plan de chaque

14