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En vérité, il en était ainsi par un assemblage d’heureux hasards. Si le Dr Japp n’était pas venu nous rendre visite ; si le récit n’avait pas jailli avec une singulière facilité, il aurait été abandonné comme ses prédécesseurs et aurait pris sans détours et sans regrets le chemin du feu. Les puristes pourront suggérer qu’il en aurait été mieux ainsi. Je ne suis pas de cet avis.

Le roman semble avoir procuré beaucoup de plaisir et il a fourni ( ou était un moyen de fournir) du feu, des aliments et du vin à une famille méritante à laquelle je prenais intérêt.

Je n’ai pas besoin de dire que je parle de la mienne. Mais les aventures de L’Ile au Trésor ne sont pas encore tout à fait finies.

Je les avais écrites d’après la carte. La carte était la principale partie de mon sujet. Par exemple, j’avais appelé un îlot « VIle du Squelette », ne sachant pas ce que je voulais dire, recherchant seulement le pittoresque immédiat, et c’est pour justifier ce nom que je fracturai la galerie de M. Poe et volai la Pointe de garcette F tint.

Et, de la même manière, c’était uniquement parce que j’avais dessiné deux baies que /’Hispaniola dut faire ses randonnées sous la conduite d’Israël Hands. Le temps vint où une réédition fut décidée, et j’envoyai mon manuscrit avec la carte à M. AI. Cassell. Les épreuves vinrent, elles étaient corrigées, mais je ne sus rien de la carte.

J’écrivis et demandai, disant que je ne l’avais jamais reçue, et restai consterné.

C’est une chose de dessiner une carte au hasard ; d’établir une échelle dans un de ses angles à l’aventure et d’écrire

une histoire sur ce qui est ainsi préétabli.

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